Delicious Delirium : auto-diag

Delicious Delirium, c’est ce petit one-shot que j’ai réalisé à l’occasion du concours Mangadraft/X-Pen en juin 2021. Le manga est accessible gratuitement en ligne en cliquant sur l’image ci-dessous.

Ce qui s’est avéré être assez déroutant pour moi, c’est qu’à l’issue de la lecture de l’histoire, il y avait deux types de réactions : celle que j’espérais, avec des gens qui ont bien aimé, ri au moins un peu et apprécié le twist final, et celle que je n’avais pas du tout envisagé avec ceux qui n’ont pas compris le twist et/ou l’histoire. Je me serais attendue à ce que des gens n’aiment pas, ou que mon one-shot les laisse de marbre, y’en a évidemment toujours. Mais je ne m’attendais pas à « perdre » des gens. Cette dernière réaction, en tant qu’auteur, ne met évidemment pas en joie… °A°; Et quand on est comme moi, on se questionne et on se remet en question !

Pour moi, tout semblait évident (la Némésis du créateur), il me semblait avoir mis tous les éléments pour comprendre l’histoire. Alors, où avais-je foiré ?! Ce sont évidemment des questions très importantes, comprendre et repérer les failles pour les éviter à l’avenir. Est-ce que j’ai commis des erreurs, lesquelles ou, tout aussi intéressant, est-ce que sans m’en rendre compte j’étais dans un genre d’histoires et de sujets dont j’ai intégré les codes jusqu’à les penser comme une norme commune alors que ce n’est pas le cas ? Parce qu’après tout, une majorité des gens semble avoir compris. Nous avons peut-être les mêmes références, habitudes de fictions qui permettent de passer certains éléments d’explication sans que ce soit gênant pour nous. De fait, ces codes auraient manqué à ceux qui en sont moins familiers ? Et je n’étais pas assez accessible ? Mais ! Comment repérer alors, dans ce qui me semble évident, ce qui ne l’est finalement pas tant que ça ? Le puis-je seulement ??? #doliprane

Il aurait fallu que je me puisse me poser avec quelqu’un d’assez expérimenté pour perdre un temps fou à causer de tout ça. Et là, j’ai une pensée pour les éditeurs japonais qu’on peut penser trop intrusifs avec nos lunettes occidentales. x’) Je continuerai donc à réfléchir à tout ça dans un coin de ma tête. Mais en attendant, je me suis dit que j’allais quand même faire MA petite explication de texte de Delicious Delirium.

1. Le titre

Delicious Delirium
Au début, j’avais pensé mettre juste « Delirium », puisque pour moi tout ce que l’on suit jusqu’au twist final est un délire. Mais je me suis dit que si j’arrivais en présentant directement l’histoire comme ça, nommément « délire », je vendais trop la mèche et amenuisait l’impact du twist « Ben oui, on savait que c’était un délire, c’était dans le titre ! ». J’ai voulu noyer un peu le poisson et j’ai donc rajouté Delicious, parce que pâtisseries !!! *Q* et puis bon, il était cool comme délire par rapport à la réalité finale… ;u; Bref, c’était là, sans être flagrant.

2. La mise en place

La première page s’ouvre sur un monde de chibis. Pourquoi pas. Sur un protagoniste dont la première pensée est que ce matin-là, à son réveil, tout lui semble bizarre (sans blague !) et qui commence à inspecter son monde absurde avec des propos incohérents, sans mettre le doigt sur ce qui le dérange, et qu’il semble finalement très bien accepter.
[Mécanisme du rêve où l’on accepte tout, noyé dans la suspension d’incrédulité pour le lecteur qui embrasse aussi cet univers. Peut-être un peu trop finalement pour ceux que la fin de l’histoire a dérouté.]

Le protagoniste nous présente sa ribambelle d’amis, aussi clichés les uns que les autres, capables parfois de lire les cases narratives, aux surnoms dignes de jeux de mots d’un gamin de cinq ans et relevant tous de pâtisseries bien connues !

Toujours plus loin dans cet univers fantasque, les personnages ne se soucient pas non plus de rester dans les cases qu’ils défoncent allègrement.
Et finalement ces surnoms débiles n’en sont pas seulement. Notre protagoniste, Ben, croit découvrir qu’il est un beignet. À la confiture de prune ? Il n’en est même pas certain. Mais il accepte. Comme il accepte le rafistolage à la pâte à beignet cuite aux sèche-cheveux que tout le monde a bien évidemment toujours sur soi ! (Même si certains essaient de nous rappeler subtilement l’absurdité de la chose.)

3. Péripéties

La journée avance ! Héros, élèves, mini dino et chat parlant sont ravis d’aller en cours. Comment peut-on croire, même dans un monde débile que des élèves seraient heureux d’aller en cours ?!! x’D Jusqu’à l’irruption d’un monstre tout aussi pâtissier que le reste.

Mais ça ne semble pas étonner grand monde, les élèves retrouvent des super héros apparemment bien connus et se transforment en commentateurs sportifs. Tout-va-bien !

S’il accepte les choses, Ben tique toujours sur certains détails…

…même s’il est incapable de déceler les petites alertes pourtant glissées ici et là. Comme une partie des lecteurs (et c’est normal).

Mais les plus attentifs auront vu des signes…

4. Twist final

Ben, tombé inconscient, se réveille sous les interpellations d’une Hélène qui n’a plus rien d’un chibi et lui non plus. Mais les armures sont toujours là, et apparemment, le sale coup, il l’a bel et bien pris et il délire (que j’aurais peut-être dû me décider à mettre en caractères gras dans la bulle), annonce-t-elle à leurs coéquipiers inquiets quand Ben demande à se faire rafistoler à la pâte à beignet…

Je présumais à ce stade que tout lecteur accepterait que tout ce qu’on a vu précédemment était un délire. Évidemment, je ne m’attendais pas à ce que chacun ait analysé comme je viens de le faire hein. Je présumais juste que l’ensemble, l’impression générale (et si en plus on a chopé quelques preuves manifestes dans les éléments du décor) permettent d’accepter le switch et un retour à ce qui est la réalité. Le delirium d’un Ben réel et normal, ayant reçu un coup au combat et tombé dans l’inconscience le temps d’un songe absurde, intégrant et déformant des éléments de sa vie qu’on retrouve à son réveil : l’affrontement en cours, le coup, (sa belle) Hélène et les autres qu’on devine en communication (même s’ils ne s’appellent sûrement pas non plus Paris-Brest, Tiramisu, Mille-Feuille et Pêche Melba, haha !), les monstres (moins mignons que dans son délire)… Il se relève et retourne combattre.

5. Conlusions (?)

Fin ouverte

Certains ont été perturbés par le fait que l’histoire s’arrête là. Même si je peux comprendre, j’ai une divergence nette et assume mon choix. J’ai raconté mon histoire, elle a son début, son milieu et sa fin : Ben nous présente un monde, ses amis et son quotidien. Au bout du compte il se réveille, on se rend compte que c’était un rêve et que son monde est bien plus grand encore que ce que l’on imaginait. C’est cool si les gens veulent en savoir plus « mais qu’est-ce qui se passe alors dans la réalité ?? D’où viennent les monstres ? Les armures ? Comment en sont-ils arrivés là ? » mais ça, c’était pas mon sujet. Raconter tout ça serait une autre histoire ! 😉

Switch de genre

J’ai décidé de switcher entre deux univers radicalement différents, commencer sur une histoire humoristique full chibi pour terminer dans un mood plus sérieux. Ça a pas mal perturbé le jury, et j’imagine potentiellement certains lecteurs.
J’envisageais le switch et le contraste comme une valeur ajoutée. On a eu notre phase d’humour sympatoche et débile pour terminer sur quelque chose d’inattendu (trop ? °x°) plutôt que d’aller jusqu’au bout avec des chibis qui vont battre Megafoutizor et reprendre leur vie de lycéens anonymes dans le monde délirant des pâtisseries.

Bref.

Être auteur, c’est compliqué ! Mais tellement passionnant. °^° On a jamais fini d’apprendre, de chercher, de comprendre. Et sur ces bonnes paroles, je vous abandonne en espérant que mes (remises en) questions vous aideront à vous en poser aussi mais trouver plus de réponses, haha. Et si vous identifiez mes erreurs, à les éviter dans vos créations ! x’)

4 réponses

  1. clefdecristal dit :

    Hey, ca fait un bail que je n’avais pas commenté ^^
    Alors, mon humble avis : je pense avoir compris ton twist final, même sans avoir vu les messages subliminaux (faut dire que j’ai lu vite, parce que mon intérêt était de revenir sur ton post ici). Pour moi, le contraste de style graphique marque bien le retour du rêve à la réalité, par contre, j’avoue que je n’ai pas compris pourquoi un délire à connotation patissière, car pas de référence à ça ds la réalité (de ce que j’ai pu voir rapidement)
    Le principe de fin ouverte ne me gêne pas, mais pareil, les liens supposés avec le rêve n’est pas évident : par exemple, est-ce que dans la réalité, les guerriers sont aussi des jeunes à l’école, ou bien sont-ils de l’armée… si on se pose comme là pour répondre à ton post, on y réfléchit et ça vient, mais à la lecture, ça ne vient pas de façon évidente et fluide.
    Ap, en tant qu’auteur, on n’a pas forcément envie d’offrir tout sur un plateau à ses lecteurs, on aime bien qu’ils relisent et réfléchissent, mais le format webcomics sur plateforme en ligne, j’ai peur que ce soit de la « consommation rapide » sans s’appesantir ou revenir sur les détails, contrairement à un format livre qu’on achète, qu’on relit si on a aimé et qu’on redécouvre un peu plus à chaque fois avec les détails cachés.

    • Clover dit :

      C’est intéressant ! ET déroutant ! xD

      Le type délire, il me semblait que ça se passait d’expliciter certaines choses qui n’ont pas forcément de sens aka « c’est du délire, y’a rien à expliquer ». A-t-on vraiment besoin d’expliquer pourquoi des pâtisseries ? Peut-être qu’il aime ça, peut-être qu’il en a mangé le matin même, etc., est-ce que c’est vraiment nécessaire à la compréhension de l’histoire ?
      Toujours la grande question de ce qui est utile de mettre ou non dans une histoire et avec laquelle on s’arrachera toujours les cheveux je crois !

      [Je n’ai pas eu l’impression qu’expliquer le pourquoi des pâtisseries était nécessaire.
      POURTANT, ce n’est pas un élément que j’ai négligé.
      Les références ne sautent pas à la figure mais elles sont là. Ben s’appelle toujours Ben qui devient beignet + Hélène → Belle-Hélène, on supposera qu’il en va de même pour tous les personnage dont chaque nom/surnom peut se délirer pâtisserie + l’armure de Ben a un rond central qu’on retrouve sur son t-shirt en chibi et qui rappelle aussi le trou du beignet + Megafoutizor le clafoutis géant est la version chibi kawai du monstre que l’on retrouve à la fin dans la réalité, etc. Tous les éléments que l’on voit durant le délire se retrouvent dans la réalité. et inversement (ou rétrospectivement), il me semblait que ça expliquait aussi pourquoi c’était ce qu’on se voyait dans le délire.]

      De cet intérêt à savoir pourquoi les pâtisseries, je comprends le questionnement sur ce que sont Ben et ses acolytes dans la vraie vie.
      Et finalement, ça m’éclaire sur le fait qu’on ne porte pas d’intérêt aux même choses. x’)

      Là encore pour moi, savoir si dans la vraie vie ils sont lycéens ou membre de l’armée ou d’un quelconque groupe para-militaire n’a pas d’importance. Qu’est-ce que ça changerait à l’histoire ? Ben et ses acolytes font partie d’une structure et ils affrontent une menace (dont on ne sait rien non plus). A-t-on vraiment besoin de ces détails pour justifier que Ben voit ça comme un lycée dans son délire ? Se posait-on la question quand ils étaient en chibi dans le délire et qu’on les voyait se transformer comme des magical girl ? xD
      Si oui, il y a quand même quelques éléments de réponse dans le retour à la réalité. On voit qu’il s’agit d’une structure apparemment puissante fournissant des armures, du soutien aérien et les échanges de communication laissent entendre que c’est structuré. Vu l’état de la ville, les élèves et étudiants n’ont pas dû mettre les pieds depuis longtemps dans une école. x’) Si on y fait gaffe, on voit même l’arc-en-ciel qui trônait au sommet du lycée-débile pété au sol dans le décor de la réalité dévastée. Une structure probablement important pour Ben qu’il a recyclé dans son délire, peut-être son véritable ancien lycée ? ;_;

      Bref ! En fait, ça me rappelle de nombreux avis (engueulades !) que j’ai vu autour du film « Cube » : des gens se retrouvent enfermés dans une terrible prison meurtrière et essaient d’en sortir.
      Il y a ceux qui adorent le film et voir comment ces personnes vont évoluer dans ce milieu et réussir à s’en sortir. (Moiiiiiii !!!!) Et il y en a d’autres qui détestent que dans le film on n’explique pas comment ces prisonniers sont arrivés là, pourquoi, qui tire les ficelles et ce qui se passe à la sortie.
      C’est pas une question d’avoir raté quelque chose mais qu’on ne se focalisait pas sur les mêmes choses. ;d

      Pour finir, ouais, je vais rester aux bouquins papier. >u>

  2. Kantarou dit :

    Comment ca tu as perdu des lecteurs? Je n’arrive pas a comprendre le pourquoi.
    Mais ne te prends pas la tete avec ça! Continue et reste celle que tu es on t’aime et on aime ton travail. Gambatte ma Clo

    • Clover dit :

      Y’a des gens qui ont pas compris, c’est intéressant de savoir quoi/pourquoi. :3 (Enfin, moi ça me passionne ! Dx)
      Après, depuis le nombre d’années que tu me suis et lis, on peut dire que tu fais partie de ceux qui me comprennent et qui ont l’habitude de mes histoires, t’es plus du tout objective ! xD (Mais je te cœur très fort quand même, huhu !)

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